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un point vert dans le pacifique sud ouest...
13 avril 2013

la traversée TONGA-FIDJI

carte depuis départ FIDJI

Nous revenons au "live" de la croisière pour notre plus grand bonheur. Après avoir passé trop de temps à notre gout à Neiafu, le port de Vava'u, il nous tardait réellement de quitter les eaux tongiennes. Les nouveaux boitiers de safran ayant donné toute satisfaction tant en solidité qu'en fonctionnement dans les navigations test inter îles de Vava'u (sublime encore une fois), nous décidons de nous élancer vers le large en direction de Fiji. Belle fenêtre météo, avec des vents d'est sud/est compris entre 12 et 16 nœuds pour les 5 jours à venir, l'idéal pour notre petit point vert. Les calculs pessimistes à 150 MN par jour de moyenne nous donnent 3 jours environ de traversée. Les bonnes conditions étant réunies, nous avons ainsi appareillé samedi 6 avril au matin, traversant plusieurs îles "vavautienne" avant de faire un dernier salut à Hunga island, île la plus à l'ouest de l'archipel. Nous avons alors 15 nœuds de vent maximum, et démarrons prudemment notre traversée sous solent et gv pleine à plus ou moins 7 nœuds.

La ligne est mise à l’eau au plus tôt, et nos deux premières touches se soldent par l’échec : poissons décrochés. En quittant la proximité de la côte, les chances de pêche se réduisent…ce qui se confirmera.

Le vent étant stable et la houle légère, nous déployons le code 0, voile intermédiaire entre un grand génois et un spinnaker asymétrique. Plus facile qu’un spi et extrêmement puissante, elle offre au grand largue plus de stabilité qu’un spi, énorme atout en croisière lorsqu’on souhaite faire ce que l’on veut, et ne pas être paralysé par le réglage exigeant d’une voile volage de portant, écoute en main et regard concentré sur la bulle. La vitesse passe ainsi à plus ou moins 8 nœuds, tandis que le vent réel ne dépasse plus les 12 nœuds. Nous garderons cette voile et le réglage 24h00 d’affilée, y compris la première nuit passée sous un ciel sombre étoilé magnifique. Le lever du jour est majestueux, offrant une dispersion de lumière rouge orangée dans les méandres cotonneux des nuages étirés dans le bleu du ciel, où le petit croissant de lune siège encore dans la partie la plus sombre.

Bien amarinés, nous profitons pleinement de cette seconde journée, bien qu’un peu fatigués par le nouveau rythme nocturne qu’imposent les quarts de veille. Céline commence à nous préparer des cakes à la banane, du pain frais pour notre premier petit déjeuner en mer depuis longtemps, et nous vivons de grands moments de bonheur sous voile. Vers 15h00, le vent monte à plus de 20 nœuds sous nuages, la mer devient aussi plus difficile. Les surfs à près de 14 nœuds sont courants et nous commençons à trouver cela un peu trop sportif. Dans une abattée trop prononcée du pilote auto, le code 0 nous fait un beau cocotier autour de l’étai (enroulement dans les hauts du câble tenant le mat sur l’avant), tandis que le vent monte encore un peu, 24 nœuds. Là, ça devient compliqué et préoccupant, je n’ai pas envie d’aller faire le singe là-haut dans ces conditions. La dernière fois que cela nous était arrivé sous spi, par temps plus calme, je m’étais violement « hématomisé » de partout sans pour autant parvenir à défaire quoi que ce soit. Je tente une première dévente par la GV plein vent arrière, un premier tour se défait, une seconde tentative, un second tour et à la troisième, la voile se déroule totalement. Ouf ! Nous envoyons le solent et enroulons aussitôt le code 0 sur son emmagasineur, avant de l’affaler peu de temps après, le vent restant soutenu à 18/20 nœuds. Nous marchons encore entre 7 et 9 nœuds sous solent, c’est bien assez.

Vers 15h30, le ciel se charge un peu et le moulinet se met à vrombir d’un coup : zzzzziiiiiiiioooouuuuuuuuuu et clac, en bout de course. La canne joue bien son rôle, flexible à souhait, et j’envoie le bateau au lofe pour réduire la vitesse, solent affalé et écoute de gv grande ouverte. Je reviens au poste de pêche, tentant de réamorcer l’enroulage sur le moulinet et chhhclaccc…la ligne casse net au niveau du moulinet, tout est perdu !...ça me fout en colère, 200m de ligne et un beau leure….il faut dire que cela tirait extrêmement fort, et que ça a mordu alors que nous étions autour de 9 nœuds. On se console en se disant que ce devait être un poisson vraiment trop gros pour notre matériel, nos petits estomacs et notre frigo…snif quand même !

Nous ne nous avouons pas vaincu, montons notre ligne de secours (nylon plus gros mais plus court) sur le moulinet et renvoyons un « rapala » sur lequel nous fondons nos plus grands espoirs. Mais cela ne mord pas dans l’immédiat et nous reprenons le fil de notre route, en approche du « Lau group », archipel corallien appartenant au territoire fidjien. Ce chapelet d’atolls forme une barrière dense  orientée nord sud quelque milles avant la ligne de démarcation longitudinale est/ouest. Nous empannons bâbord amure pour nous recaler plus au nord, durant quelques heures, puis ré-empannons bâbord amure avant la tombée de la nuit. Ce recalage nous permet de franchir le « lau group » par « Oneata passage », large d’environ 4 MN entre minuit et 3h00 du matin, par une nuit noire qui ne nous laisse entrevoir qu’une faible lumière sur Oneata island. Vous verrez sur l’image du lecteur de carte ci-dessous que la zone est chargée et c’est un peu stressant quand on y arrive de nuit et que l’on perd fréquemment le signal GPS, donc notre position ! Nous allumons alors le PC pour afficher notre position en redondance sur le logiciel de cartographie et calmer notre appréhension.

Au petit jour, nous devinons au loin et un peu dans toutes les directions les reliefs des iles passées et des iles à venir en abord de la « mer de Koro » : Totoya et Vanua vatu en sont les plus remarquables, avec un relief montagneux semblable à celui des iles principales de Fiji : Viti Levu et Vanua Levu. Il reste encore plus de 100MN, mais entouré de relief, ce qui offre plus de richesse de paysage et un certain réconfort même si nous ne sommes partis que depuis 48h00. Le fantôme de notre dernière traversée est encore présent dans un coin de la tête…
A 13h00, nous sommes dans 20 nœuds de vent, avec un ris dans la gv pris la nuit lors d’un grain au milieu d’Oneata passage, et le solent. Nous avons une vitesse moyenne autour de 7.5 nœuds, mais partons en surf vers 10/12 nœuds régulièrement, et c’est à ce moment que le cliquetis du moulinet sonne : ZZZZZZZiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiioooooouuuuuuuu !...comme d’habitude, au lofe, affalage du solent et on se met à remonter la ligne. Cela ne tire pas très fort, mais nous voyons un poisson surfer au bout de la ligne…yes, il est bien pris. On s’applique à le remonter, et à l’approche, on identifie un gros thazar sur le flanc. Je le gaffe, le remonte et l’assomme aussitôt, il est magnifique et pèse plus de 10 kg. En moins de deux, le poisson est vidé et transféré en cuisine, où Céline lève les filets et le conditionnement. Deux portions au frigo et 6 autres au congélateur…pardons, freezer…poussez-vous les ihiis et les glaçons…de toute façon, ils ne servaient plus à rien puisqu’on était en rupture de rhum et de Ricard depuis belle lurette ! (et on parvient à survivre malgré ça, ouais, ouais, c’est possible !). On est ravi et notre premier repas de poisson frais du large est unanimement apprécié, quel régal.

Notre route nous a fait descendre très au sud de notre route théorique, et vers 17h45 nous empannons tribord amure pour remonter en direction de Viti Levu, cap direct sur Suva. Vers 1h00 du matin, en direction des lumières de la ville, la nuit est noire et je m’installe dans le siège de barre au vent. Soudain, je suis surpris par le souffle bruyant d’un évent de mammifère marin et devine peu de temps après le dos d’un dauphin. Là, c’est durant près d’une demi-heure qu’un groupe de dauphin m’accompagnera dans cette nav’ de nuit, alors que le reste de l’équipage dors tranquillement à l’intérieur et que le bateau file ses 9/10 nœuds. Magique, car cette nuit-là chaque écume levée se transformait en lumière phosphorescente, l’eau étant chargée de plancton. La nuit sans lune était très  sombre et les sillages des dauphins joueurs sont alors apparus en traces de particules phosphorescentes, rapides et sinueuses, les unes s’entremêlant avec les autres, passant sous les coques du bateau, réapparaissant tantôt le long des bordés, tantôt aux étraves…ballet évanescent, cadeau magnifique de dame nature pour émerveiller un petit homme auquel on redonne un regard d’enfant innocent, le temps d’un instant devant tant de magie…

Une heure plus tard, Céline se réveille et nous franchissons la passe de Suva, au prés alors que le vent s’amenuise à mesure que l’on s’approche, dans l’axe de l’alignement bleu immanquable repérant la passe de nuit. Etant déjà venu ici 3 ans plus tôt lors de ma première traversée du pacifique sud, nous retrouvons rapidement le mouillage devant le « Suva Royal Yacht Club », seul mouillage adapté aux voiliers dans ce port de pêche et de commerce effervescent. Nous prenons un corps mort et allons ensuite nous coucher, le cœur léger après une traversée aussi rapide que magnifique. Nous avons parcouru 461 MN en 64h00, soit une moyenne de 7.2 nœuds incluant sortie et entrée de port, arrêts de pêche et la seconde nuit au ralenti dans Oneata passage. L’Ekolo’kat vient de nous offrir une magnifique navigation, que parents et enfants ont tous pleinement apprécié. Nous sommes définitivement réconciliés !

montage traversée 1montage traversée 2montage traversée 3montage traversée 4montage traversée 5

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Commentaires
L
Super que vous soyez bien arrivés, entiers, et sans galères cette fois ! bravo !<br /> <br /> Nous étions avec les parents ce we à SXM, Auré, les enfants et moi, et nous, nous n'avons pas vu des dauphins, mais... des tortues ! Maman était contente de nous avoir auprès d'elle pour son anniversaire ! Les tortues l'ont donc fêtée, elles aussi ! Comme tu dis si bien : on redevient des enfants lorsqu'on assiste à ce spectacle, c'est magique et magnifique !<br /> <br /> Bisous fort de nous trois, et merci merci pour le kiwi, on a adoré (ouvert ce matin au petit-déj !). Il trône sur la table !<br /> <br /> Prenez bien soin de vous...
P
"Le lever du jour est majestueux, offrant une dispersion de lumière rouge orangée dans les méandres cotonneux des nuages étirés dans le bleu du ciel, où le petit croissant de lune siège encore dans la partie la plus sombre"<br /> <br /> "les sillages des dauphins joueurs sont alors apparus en traces de particules phosphorescentes, rapides et sinueuses, les unes s’entremêlant avec les autres, passant sous les coques du bateau, réapparaissant tantôt le long des bordés, tantôt aux étraves…ballet évanescent, cadeau magnifique de dame nature pour émerveiller un petit homme auquel on redonne un regard d’enfant innocent, le temps d’un instant devant tant de magie…"<br /> <br /> <br /> <br /> Mazette ! Quel lyrisme ! Méfie-toi t'es en passe de devenir littéraire.<br /> <br /> Ca fait regretter d'avoir débarqué à Maupiti.<br /> <br /> <br /> <br /> Et si on arrive pas à t'avoir demain, bon anniversaire.<br /> <br /> <br /> <br /> Grosses bises à vous 4
G
bon anniversaire mon petit Nicolas et gros bisous de ta Mamou
X
Un grand plaisir de vous lire et de vous savoir vous régaler. Profitez bien veinards et continuez de nous faire voyager. Xav'ma
B
Hula Bula Nico&co, content de voir que la traversée a été cool,et avec un ptit poisson frais pour l'arrivée!!Si tu sais ou tu vas alors, si c'est le ka va, tout va! Moi aussi, comme l'ami Marc je vous envie, et bon anniversaire à l'avance Nico parce que ça passe vite avec ce vent! Enjoy Fi de J, Nous vous embrassons, Benoa
un point vert dans le pacifique sud ouest...
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